trèfle blanc

Tondre : une fausse bonne idée

Les beaux jours se sont installés. La végétation est en pleine croissance jusqu’aux premiers jours de froid. Les jardiniers s’activent et les tondeuses, débroussailleuses tournent à plein régime. Il faut que les étendues herbeuses des jardins, parcs, espaces verts soient propres et bien présentables.

Mais tondre, aussi régulièrement que possible, est-il une bonne idée ?
Et si vous rangiez vos outils afin de laisser la biodiversité s’installer chez vous ?

Pourquoi il n’est pas préférable de tondre sa pelouse

Cela affaiblit la végétation

Pour les graminées que vous avez semées ou déjà présentes spontanément, des tontes trop régulières, trop rases provoquent des blessures aux plante et les affaiblissent en les forçant à puiser dans leurs réserves. Aussi, cela diminue la surface des feuilles et, de ce fait, la capacité à chaque graminée à générer sa photosynthèse. Donc, sur la durée, votre pelouse ou gazon disparaîtra et il vous en coûtera du temps et de l’argent pour regarnir votre terrain.

Cela appauvrit du sol

À force d’évacuer les déchets organiques lors de chaque tonte, votre sol s’appauvrit.
Sans matière organique, la microfaune, tels les vers de terre, ne sont pas présent pour transformer les débris végétaux en nutriment nourrissant le sol. L’humus ne se régénère plus, les minéraux naturels nécessaires à la croissance de la végétation disparaissent. Votre pelouse est, au fil du temps, de plus en plus chétive. Pour la reverdir, vous épandrez beaucoup d’engrais et autres produits reverdissant onéreux et polluants.

Cela ne retient pas l’humidité nécessaire aux plantes

Plus vous tondez court, plus le sol s’assèche rapidement. Donc il faut toujours plus d’eau pour que votre pelouse reste verte.
Si vous ne l’arrosez pas : il est sec, les plantes se dessèchent, la rosée ne suffit pas à hydrater les végétaux.
S’il pleut abondamment, la terre étant trop compacte, le ruissellement n’est pas contenu et les risques d’inondations peuvent être importants.

Pour l’environnement, cela impacte la ressource en eau si vous désirez que votre terrain reste toujours vert.

Voici une pelouse qui n’a pas supporté la sécheresse

C’est un désert pour la biodiversité

Une pelouse où l’herbe est trop rase, où les végétaux ne fleurissent pas n’attire pas les insectes pollinisateurs et herbivores. Ainsi , les oiseaux et petits mammifères comme le hérisson qui s’en nourrissent ne viendront tout simplement pas visiter cet endroit.

Un gazon parfait n’est pas écologique

Un gazon parfaitement entretenu demande des applications régulières d’engrais, d’herbicides sélectifs, d’anti-mousses néfastes pour le sol, l’eau, la faune, la flore ainsi que votre environnement personnel.
De plus, cela vous coûte de l’argent et du temps.

Gazon ou pelouse ?
La pelouse et le gazon sont à première vue semblables, pourtant il y a quelques différences.
La pelouse désigne une étendue composée de plantes herbacées dont la majeure partie a poussé spontanément. Nous pouvons y trouver, entre autre, du trèfle, du plantain, des pâquerettes et des pissenlits. Elle peut être riche en biodiversité s’il y a un minimum de tontes dans l’année.
Quand au gazon, il est un mélange de graminée semé et très régulièrement entretenu où aucune autre herbacée n’est tolérée. Il est créé dans un but technique comme pour les terrains de sport ou pour un besoin esthétique comme les jardins à l’anglaise. Son entretien demande beaucoup de temps et de moyens pour le tondre, éliminer les adventices. Il est aussi gourmand en eau.

Quelles alternatives à la tonte ?

Et si, au lieu de tondre régulièrement votre gazon ou pelouse, vous décidiez de laisser la nature se développer à son gré ou d’aménager votre terrain autrement ?

Ne rien faire sauf contempler la nature

Un jardin écologique ne prend ni de temps, ni d’argent.
En laissant la végétation se développer librement, vous favoriserez l’installation de la biodiversité.

Les trèfles, pâquerettes, pissenlits et autres fleurs spontanées, bien que considérées à tort comme « mauvaises herbes », sont une source importante de nectar pour les pollinisateurs.
Selon l’ONG PlantLife, une zone de 100 mètres carrés de pelouse non tondue produirait suffisamment de pollen pour nourrir six ruches d’abeilles et six couvains de bourdons par jour, sans compter les papillons, syrphes et autres insectes friands de nectar.

Bourdon des champs sur trèfle violet

Devenu une prairie fleurie, votre terrain accueillera une faune diversifiée qui, en s’auto-régulant, vous aidera à lutter, par exemple, contre les pucerons sur vos rosiers ou sur vos plantes potagères.
Vous pourrez aussi constater l’apparition de plantes s’étant implantées spontanément comme certaines orchidées.
Une végétation plus abondante retiendra l’humidité, sera plus résistante à la sécheresse et vous fera économiser des arrosages.

Aménager autrement

Si vous désirez aménager votre jardin, vous pouvez vous inspirer de la gestion différenciée. Ce concept consiste à effectuer un aménagement distinct et respectueux de l’environnement pour chaque parcelle. Ainsi, vous pouvez mettre en place divers espaces en fonction des activités prévues comme un carré potager en permaculture, une prairie fleurie en place de gazon, un point d’eau pour la faune, plusieurs hôtels à insectes, un coin verger, des massifs de plantes vivaces… Chaque zone sera reliée à une autre par un cheminement d’allées tondues ou pavées sur une faible largeur que vous pourrez emprunter pour vous rendre d’un espace à l’autre de votre jardin.

En laissant pousser quelques fleurs spontanément, vous pourrez observer de beaux papillons et des abeilles sauvages besogneuses, faire quelques bouquets pour égayer votre intérieur et quelques cueillettes comestibles et médicinales.
En laissant un tas de pierres, vous pourrez abriter quelques lézards amateurs de petits insectes.
Sous le tas de bois que vous aurez laissé, un hérisson pourra s’abriter entre deux dégustations de limaces.
Autour de votre mare, vous pourrez croiser quelques libellules dont les larves se nourrissent de celles de moustiques.

Ainsi, sur votre transat, dans votre hamac, vous aurez le plaisir d’observer dans la quiétude une nature libérée où la biodiversité vous offrira de beaux cadeaux au fil des saisons.

Texte et photographies : Cédric Daguet

Un commentaire

  1. Bravo Cédric pour ce reportage très intéressant. C’est Éphylie qui me l’a envoyé car je voulais tondre. Je sais quoi faire maintenant : juste une allée pour me déplacer. Merci

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