Oiseau majestueux, le Cygne tuberculé côtoie l’Homme depuis de nombreux siècles. Bien que s’accommodant aux activités humaines, il est, à l’origine une espèce non domestique. Voyons ensemble son comportement et ses origines.
Description du Cygne tuberculé
L’adulte
Le Cygne tuberculé ou Cygne muet (Cygnus olor) est un des plus grands oiseaux de la famille des Anatidés, famille regroupant entre autres les oies, canards et bernaches. Il est, parmi les oiseaux capables de voler, un des plus grands et des plus lourds. Le mâle peut dépasser les 10kg et la femelle les 8kg. L’adulte mesure en moyenne 160cm dont la moitié est tenue par le corps. Son envergure est de 200 à 240 cm.
Le plumage des adultes et blanc, leurs yeux noisettes. Le bec est de couleur orange avec un onglet noir à son bout. Une bosse noire, le tubercule, se trouve à la base du bec. Ce dernier est généralement plus important chez le mâle, surtout en période de reproduction. Chez l’oisillon, le tubercule est absent et il est peu développé chez le juvénile.
D’une longévité pouvant atteindre une vingtaine d’années dans la nature, en captivité, l’espèce peut vivre de 30 à 40 ans.
Cygne tuberculé mâle.
On peut remarquer le tubercule à la base du bec.
Bon nageur, sur la terre ferme, cet oiseau a un déplacement maladroit. Ses pattes sont sur la partie arrière de son corps et lui donne une démarche dodelinante. Toutefois, lorsqu’il s’agit de chasser un intrus de son territoire, le Cygne tuberculé est un bon coureur.
Le Cygne tuberculé se déplace avec aisance sur l’eau. Il lève souvent ses ailes le long de son corps, ce qui lui permet d’être poussé par le vent. Ainsi, il économise de l’énergie lors de ses déplacements aquatiques.
Étant très lourd, le Cygne tuberculé a un envol très laborieux. Pour prendre les airs, il lui est nécessaire de courir en battant des ailes sur au moins une dizaine de mètres. Il a une vitesse de vol pouvant dépasser les 80 km/h. Lors de migrations, les groupes prennent une formation en V et peuvent voler jusqu’à une altitude proche des 8000 m.
Lors des déplacements aériens, chaque battement d’aile produit un bruit pouvant s’entendre jusqu’à plusieurs mètres. Ce son particulier remplacerai chez le Cygne tuberculé, le cri d’appel propre à chaque autres espèces.
L’oisillon
Les oisillons sont appelés cygneaux ou cygnons. Il en existe deux types morphologiques : le gris et le morphe blanc.
Chez le morphe gris, le duvet est gris avec le dessous blanc, le bec et les pattes sont gris ardoise. Leur plumage commencera à blanchir après la première mue du premier hiver pour devenir complètement blanc lors du deuxième. Le bec deviendra progressivement rosâtre lors de la première année.
Ci-contre : Cygne tuberculé femelle et juvéniles
Chez le morphe blanc, le cygneau est, comme son nom l’indique, blanc avec le bec et les pattes gris clair à rose. Cette variation de couleur est appelée Cygne blanc polonais. Ce nom viendrait du dix-neuvième siècle où l’importation de ce morphe depuis les côtes de la mer Baltique vers l’Angleterre était très courante. Cette particularité fut longtemps considéré comme une sous-espèce (Cygnus olor immutabilis) ou une espèce à part entière (Cygnus immutabilis). Au fur et à mesure de l’avancée scientifique, il a été découvert que cette forme de morphe est due à un gène causant le . À partir de cette forme génétique, certains individus sont sélectionnés pour la reproduction de cygnes d’agrément.
Il peut arriver qu’un couple sauvage ou semi-domestique puisse donner naissance, dans la même couvée, à des cygnons des deux morphes.
Figurant au menu des banquets de la noblesse, le Cygne tuberculé a longtemps été le fruit de la chasse. Au Moyen Âge, il avait quasiment disparu d’Europe. À partir des seizième et dix-septième siècle, il fut prisé comme oiseau d’ornement dans les domaines seigneuriaux. C’est à cette période que l’espèce se développa, certains individus en semi-liberté s’étant mêlés à des populations sauvages. Cette multiplication inattendue aurai largement fait considérer le Cygne tuberculé comme une espèce exotique envahissante jusqu’au vingtième siècle. Depuis, il a principalement été introduit en Amérique du nord ainsi qu’en Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande et Japon.
De nos jours, sur le plan international, le Cygne tuberculé est l’objet de plusieurs protections en tant qu’oiseau migrateur.
Son comportement
Animal sociable en général, lors de sa période de reproduction, le Cygne tuberculé est très territorial. Dès le début du printemps, le couple délimite son territoire pouvant s’étendre d’un à quatre hectares. Le couple, surtout le mâle adopte volontiers un comportement agressif envers les probables rivaux, l’homme y compris.
En posture défensive, le Cygne tuberculé s’avance rapidement sur l’eau vers l’intrus, cou et tête rejetés vers l’arrière, bec en avant, les ailes légèrement relevées sur son dos.
Lors de la présence d’un autre mâle, les combats à coup d’ailes et de becs peuvent être violents. Le dominant est capable de monter sur le dos de son adversaire afin de le pousser sous l’eau jusqu’à ce que ce dernier abandonne le combat ou, plus rarement se noie.
Habituellement silencieux, le Cygne tuberculé émet des sons proche de sifflements ne portant pas très loin. Les adultes utilisent jusqu’à dix cris différents selon la situation comme, par exemple, la salutation entre partenaires, la défense du territoire ou le cri de fatigue des cygneaux.
La reproduction
Contrairement à ce que l’on croit, le couple de Cygnes tuberculés n’est pas unis pour la vie. Il l’est en général pour une saison mais le couple peut se séparer s’il n’est pas fécond.
La femelle pond 4 à 8 œufs à raison d’un à deux par jour. La couvaison, essentiellement assurée par la femelle, dure de 34 à 41 jours. Le mâle surveille le territoire pendant cette période. Il peut prendre place sur le nid lorsque la femelle se nourrit ou peut reprendre l’incubation si cette dernière meurt.
Après leur éclosion, les poussins, , quittent le nid dans les 48 h. La famille quitte alors le nid pour aller à la recherche de nourriture.
Les jeunes cygnes auront leur plumage complet au bout de 60 jours, commenceront progressivement à devenir blanc lors de la mue de leur premier hiver. Ils pourront voler au bout de 4 à 5 mois, atteindrons leur maturité sexuelle à 3 ans.
Dans leurs premières semaines, les cygneaux montent sur le dos de leurs parents.
Son alimentation
Le Cygne tuberculé se nourrit essentiellement de matières végétales comme les algues qu’il trouve en eau peu profonde ou de différentes plantes qu’il pâture dans les zones herbeuses et prairies humides. Toutefois, il ne dédaigne pas quelques mollusques et insectes aquatiques surtout en période de mue ou lorsque la végétation se fait plus rare.
Sur l’eau, le Cygne tuberculé procède de différentes manières afin de s’alimenter. Il se nourrit en surface, le bec filtrant l’eau grâce à ses lamelles. Si la nourriture se trouve en profondeur, il plonge le cou ou une partie de son corps.
Les adultes nourrissent, dans un premier temps leurs cygneaux de fins débris de végétaux qu’ils broient avec leur bec.
Les causes de mortalité du Cygne tuberculé
Les cygneaux et les juvéniles sont souvent victimes de nombreux prédateurs comme le Surmulot (Ratus Norvegicus), le Renard roux (Vulpes vulpes), certains corvidés et poissons carnassiers.
Bien que l’espèce s’accommode facilement de l’activité humaine, celle-ci peut aussi lui être néfaste. Des résidus de pesticides et de plomb sont souvent découverts dans les tissus de certains individus décédés. Lors de leur migration, les cygnes tuberculés peuvent entrer en collision avec les lignes à haute tension.
Concernant les maladies, le Cygne tuberculé est notamment, une espèce très sensible au virus de la grippe aviaire.
Son habitat
Sauvage ou semi-domestique, le Cygne tuberculé préfère pour sa période de reproduction les plans d’eaux calmes aux berges peu profondes et assez riches en plante aquatiques nécessaires à son alimentation. On le trouve donc souvent dans les parcs où se trouvent des plans d’eau aménagés par l’homme.
En hiver, on rencontre souvent, en compagnie de foulques, canards et mouettes, une colonie de Cygnes tuberculés en eau libre comme les canaux ou parfois dans des baies abritées de bord de mer.
Originaire de Scandinavie et d’Europe orientale, Le Cygne tuberculé a été introduit en de nombreux endroits où il a tendance à se sédentariser. Toutefois, les populations nichant au Nord-Est de l’Europe et au sud-est de la Russie migrent au grès des conditions climatiques vers l’Europe centrale et occidentale. Il n’est donc pas rare d’observer en France, Allemagne et Belgique des groupes venant des pays scandinaves.
Texte et photographies : Cédric Daguet
Sources
Wikipédia
Oiseaux.net
