L’ automne : saison charnière pour la nature

Dès le mois de septembre, l’été cède sa place à l’automne. Les jours raccourcissent, les températures baissent, l’humidité et les précipitations augmentent. Au fil des jours, la Nature s’adonne à différents préparatifs afin de passer l’hiver dans les meilleures conditions possibles.

Définition de l’automne

Période associée aux récoltes, l’automne est, la période intermédiaire entre les jours les plus longs de l’année et les jours les plus courts de l’année. Cette saison se caractérise par une baisse progressive des températures, un temps devenant de plus en plus nuageux et humide tout en donnant encore de belles journées.

Au point de vue météorologique, l’automne s’étend du premier septembre au 30 novembre.

Sur le plan astronomique, dans l’hémisphère Nord, l’automne commence le 7 août pour se finir le 7 novembre. Dans l’hémisphère Sud, les saisons australes étant inversées, il s’étend du mois de mars au mois de mai.

Sur nos calendriers, l’ équinoxe d’automne est fixé le 22 ou 23 septembre pour se terminer le 21 ou 22 décembre. Le début de l’automne calendaire se situe donc au milieu de celui astronomique et se trouve en décalage avec celui météorologique.

L’origine du mot automne
Le mot automne vient du latin automnus qui serait apparenté à « augere« , mot d’origine étrusque signifiant « croître ». Pendant longtemps, cette période était assimilée au temps de la récolte et donc, du gain après de durs labeurs. Ce n’est qu’à partir du quinzième siècle que l’automne est synonyme de déclin.

Les végétaux en automne

Les plantes

Sur terre et dans l’eau douce, les plantes herbacées ralentissent leur métabolisme afin de se préparer à passer l’hiver. Elles terminent leur floraison, commencent la propagation de leurs graines. Les vivaces et bisannuelles emmagasinent les ressources nécessaires dans leurs propagules , racines ou rhizomes.

Graines de Berce commune (Heracleum sphondylium)

Chez les plantes ligneuses, la fructification est achevée. La plupart des fruits tomberont soit au sol dès leur maturité, soit resteront sur les branches jusqu’au printemps où de nouvelles pousses les feront se décrocher. Ces nombreuses baies, drupes, cenelles, etc, seront des réserves de nourriture pour de nombreux animaux durant l’hiver.

Cynorhodons de Rosier des haies (Rosa canina)

Les arbres à feuillages caducs se préparent à entrer en dormance pour l’hiver. Leurs feuilles se teintent de couleurs flamboyantes, on parle alors de sénescence. Elles finissent soit par tomber, ce qu’on appelle abscission ; soit à rester sur les branches jusqu’au printemps suivant, ce qu’on appelle marcescence. Cela est dû à la perte de chlorophylle, phénomène accentué par la baisse de luminosité ainsi que la diminution de la durée du jour. Ne pouvant plus produire de photosynthèse, les arbres se « débarrassent » de leurs feuilles et ne produisent plus de bois. En contrepartie, ils consacrent leur énergie à faire des réserves, préparer des bourgeons qui resteront en dormance jusqu’au prochain printemps.

Les bryophytes et les lichens

L’automne est la saison offrant les meilleures conditions météorologiques à leur développement. Comme nous l’avons vu dans un article précédent, les bryophytes se sont réhydratées afin de reprendre leur croissance et leur cycle de reproduction.
Les lichens sont aussi des organismes reviviscents dont le mode de reproduction est assez proche des bryophytes. Ils profiteront aussi de l’humidité ambiante qui est un des facteurs à leur croissance ainsi qu’à leur reproduction. Nous y reviendrons plus en détail dans un prochain article.

Orthotrichum sp

Les champignons d’automne

Bien que l’on puisse en trouver tout au long de l’année, l’automne est la saison où l’on voit le plus de champignons. Les conditions météorologiques sont adéquates pour la « fructification » de nombreuses espèces qui laissent sortir de terre leur appareil reproducteur : le sporophore que l’on appelle communément champignon.
Un article à venir vous fera découvrir cette étonnante famille.

L’automne chez les animaux

Les migrateurs

Les oiseaux insectivores, dès la fin de l’été, ont fait le plein de réserves et la plupart sont déjà partis vers le Sud. Certains font plusieurs pauses en chemin pour se requinquer avant de continuer leur longue route vers les territoires ensoleillés.
La fructification de nombreux arbres et arbustes des zones tempérées ayant lieu à la fin de l’été et à l’automne coïncide avec le rassemblement avant la migration des passereaux frugivores. Par la consommation de ces fruits, non seulement ils trouvent une source d’énergie essentielle pour leur voyage mais participent aussi à la dispersion des graines dans leurs excréments.

Ceux qui restent

Quand aux autres animaux restant sous nos latitudes, chacun s’affaire soit à la recherche d’aliments qui constitueront leur réserve de graisse avant leur hibernation ou leur hivernation, soit à stocker les aliments nécessaires pour la saison d’hiver comme le font les écureuils. Certains n’hésitent pas à se rapprocher des zones habitées par l’humain où, par opportunité, ils trouveront suffisamment de quoi se nourrir tout au long de l’hiver. Ainsi, hérissons, batraciens et reptiles cherchent leurs derniers abris, l’écureuil et le geai entassent dans le moindre recoin des fruits à coque dont ils ne retrouveront pas toujours la trace et d’autres, comme les mésanges et les rouge-gorges, s’approchent des habitations en étant presque sûrs d’y trouver de la nourriture mise à leur disposition par quelques bonnes âmes.

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus)
© Véronique Czeszynski

Les arthropodes et autres petits animaux

Chez les arthropodes la plupart des imagos meurent non sans avoir laissé une descendance. Avant de trouver un abri pour l’hiver, les dernières générations de l’année dévorent les dernières feuilles ou les derniers fruits, pollinisent les dernières fleurs, chassent les dernières proies accessibles. La plupart de ces insectes passeront sous forme de chrysalide l’hiver en diapause sous terre, sous des écorces, dans des anfractuosités de rochers ou de pierres. D’autres, se rapprocheront ou entreront dans les habitations. Certaines espèces comme la Mante religieuse (Mantis religiosa) pondent en fin d’été de nombreux œufs qui passeront l’hiver dans une oothèque hermétique qui les protégera jusqu’au printemps.

Guêpe commune (Vespa vulgaris) se nourrissant d’une prune

Les micro-organismes

Bien que la baisse des températures ralentisse leur métabolisme, les micro-arthropodes, nématodes, bactéries et autres microbes commencent à décomposer les feuilles mortes, favorisant la formation de l’humus. De par cette action, ils entament le processus microbiologique du sol, du cycle du carbone et la transformation de matière organique en oligo-éléments qui enrichissent le sol.

Importance de l’automne

Saison la moins étudié scientifiquement en comparaison au printemps, notamment au sens du dérèglement climatique, l’automne est un moment important au point de vue écologique. C’est la période pendant laquelle de nombreuses espèces, après leur développement et leur reproduction, se préparent à survivre à la saison froide. Pourtant, avec le bouleversement climatique, on observe une hausse des températures moyennes ayant pour effet de repousser l’arrivée de l’hiver. Ce phénomène de plus en plus régulier peut soudainement surprendre plus d’un organisme et leur être fatal.

Texte : Cédric Daguet
Photographies : Cédric Daguet, Véronique Czeszynski

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