Pissenlit, fleur

Le pissenlit

Considéré comme ennemi des pelouses que l’on souhaite bien vertes, le pissenlit, cette « mauvaise herbe » aux fleurs jaune soleil, possède bien des atouts autant pour la biodiversité que pour l’humain.

De manière générale, nous appelons « pissenlit » les plantes aux rosettes de feuilles dentelées et aux fleurs jaunes. Cette appellation populaire concerne de nombreuses espèces végétales qui seront présentées ultérieurement dans d’autres articles. Nous parlerons ici de l’ensemble des espèces du genre Taraxacum qui sont, botaniquement, les « pissenlits » véritables.

Description

pissenlit ville

Le pissenlit est une plante champêtre commune des terrains frais et humifères.
Il pousse à l’état sauvage dans les prairies, les lieux herbeux, sur les bords des chemins, en bord de mer et en montagne. En ville, il croît sur les bords de trottoirs, profitant du moindre interstice offrant un espace de terre.

Herbacée vivace de 5 à 30 cm de haut, sa souche, épaisse et charnue, se termine par une racine pivotante pouvant aller jusqu’à 50cm dans le sol. Cette profondeur d’enracinement lui permet de résister aux hivers rudes de certaines régions ainsi qu’à de longues périodes de sécheresse.

Les feuilles du pissenlit

Ses feuilles dites radicales, attachées directement à la racine, sont disposées en rosette. De formes inégales et variées, elles peuvent être oblongues ou oblongues-ovales, plus ou moins dressées et divisées en segments triangulaires inégaux avec un lobe terminal à la pointe obtuse. Glabres, dotées d’une nervure centrale rougeâtre proéminente, elles présentent des dents souvent recourbées vers le bas comme des crochets.
La forme de sa feuille courbée et ornée de pointes lui vaut l’appellation « Dent-de-lion ». Cette expression francophone se décline en « Dandelion » en anglais.

pissenlit, feuille

La floraison du pissenlit

La tige qui est en fait un pédoncule, part du centre de la rosette de feuilles et se termine par un capitule de fleurs individuelles de couleur jaune orangé insérées sur un réceptacle floral. A l’instar de la plupart des fleurs où plusieurs pétales sont bien distincts des étamines et des pistils, chaque fleur hermaphrodite du pissenlit regroupe un pistil, 5 étamines et un pétale à 5 dents terminales.

Pissenlit rosette
Rosette de feuilles où l’on peut voir des boutons floraux ainsi qu’un pédoncule naissant

La fécondation de la fleur de pissenlit peut s’effectuer de deux manières différentes selon les conditions de croissance. Lors de conditions permettant une atmosphère chaude et sèche, les insectes pollinisateurs, notamment les abeilles, bourdons et syrphes, transmettent le pollen de la fleur mâle à la fleur femelle. En cas de mauvais temps persistant, une forme de clonage, l’apomixie, peut se substituer à la fécondation classique.

Fleurs de pissenlit.
Nous voyons le détail des pistils

Après la floraison s’étendant du printemps à la fin de l’été, le capitule de fleurs se transforme en une boule blanche composée de plusieurs centaines d’akènes contenant une graine prolongée par des soies évoquant la forme d’un parachute. Au moindre coup d’air, les akènes s’envolent et permettent la dissémination des graines de la plante.

La deuxième année de la vie de la plante, la racine pivotante, en drageonnant, donne naissance à plusieurs plantes-filles qui, dès le printemps suivant, reprendront le cycle de floraison.

Akènes pissenlit
Akènes du pissenlit
Le genre Taraxacum
En Europe, plus de 1200 espèces et sous-espèces sont classifiées dans le genre Taraxacum, du nom d’un des alcaloïdes les composant : le taraxcuitirol.
Parmi celles-ci, plusieurs espèces de pissenlits communs longtemps classées sous l’appellation Taraxacum officinale sont désormais regroupés sous la dénomination Taraxacum campylodes. Leur détermination botanique n’étant pas aisée, elles ont été regroupées dans la section Rudelaria, du genre de l’espèce.
En effet, le polymorphisme ainsi que des mutations étant le fruit de l’accommodation à l’environnement proche rendent très difficile leur classification dans le genre Taraxacum.

Place du pissenlit dans la biodiversité

Le pissenlit est une des premières plantes à fleurir dès le début du printemps jusqu’aux premiers froids. Très mellifère, son importante source de pollen attire de nombreuses espèces d’insectes dont la plupart des abeilles sauvages, bourdons et de nombreux syrphes. Il est aussi une plante hôte pour de nombreux insectes tels le Sphinx du pissenlit (Amata phegea), devenu assez rare et surtout localisé dans le Sud-Est de la France, ainsi que de petits coléoptères de la famille des méligèthes comme le Brassicogethes viridescens.

Plantes bio-indicatrices, les pissenlits indiquent la présence d’un sol calcaire engorgé et compact riche en matière organique animale comme le fumier.

Ayant la faculté de décontaminer les terrains endommagés par un mode de culture intensif, les différentes espèces de « pissenlits vrais » fixent le cuivre des sols qui ont été trop traités par ce métal lequel, à forte dose, perturbe l’assimilation par les plantes des oligo-éléments tels le magnésium et le potassium.

Fleur pissenlit bourdon Bombus
Bourdon (Bombus sp) sur fleur de pissenlit

Utilisation du pissenlit

En cuisine

Considéré comme adventice dans la majorité des pelouses privées et urbaines, le Pissenlit est, depuis l’antiquité, le fruit de cueillettes sauvages. Sa culture, après un essor initié en France au XIXème siècle, est tombée en désuétude depuis quelques décennies.

Dès les premiers jours de printemps, les jeunes rosettes encore blanches en leur cœur sont consommées en salade, souvent avec des lardons.

Avant la floraison, les boutons floraux peuvent se préparer comme des câpres, au gros sel ou au vinaigre.
En pleine floraison, les capitules servent à l’élaboration d’une confiture appelée miel de pissenlit, cramaillote ou crameillotte dans certaines régions. C’est aussi pendant cette période que se prépare le vin de pissenlit.
Les racines de pissenlit peuvent se manger crues, bouillies ou en soupe. Séchées, torréfiées et broyées comme la chicorée, plante de la même famille botanique, elles peuvent se substituer au café.

En usage médicinal

Utilisé en phytothérapie depuis longtemps, le pissenlit est très riche en provitamine A, contient de la vitamine B1, B2, C et E ainsi que la plupart des oligo-éléments en quantité importante.

Tonique amer, la consommation de ses racines et de ses feuilles sous forme de tisane et décoction favorise la production d’urine, stimule l’insuffisance rénale et l’insuffisance biliaire. De façon générale, son effet diurétique qui lui a donné son nom commun permet l’élimination des toxines.

Ses pétales, en eau distillée, sont bénéfiques pour les soins du visage en détoxifiant la peau.
Le latex de ses tiges a une action coricide sur les verrues. Toutefois, il peut causer des allergies cutanées chez certaines personnes.

La consommation de tisane de pissenlit est fortement déconseillé en cas d’occlusion des voies biliaire, quand les canaux du foie sont bouchés.

Au jardin

Sous forme de purin, le pissenlit stimule la croissance des végétaux en leur apportant de nombreux éléments nutritifs. Pour une dizaine de litres d’eau, il faut compter 1,5kg de plante fraîche racines inclues que l’on laissera infuser une dizaine de jours avant de diluer la solution au cinquième avant pulvérisation.

Quelques anecdotes sur le pissenlit

Le Taraxacum albidium, présent dans l’Est de l’Asie est une espèce de pissenlit à fleurs blanches.

Une variété de pissenlit originaire de Russie (Taraxacum Kok-saghiz) contient un latex caoutchouteux. Il a été utilisé pendant la deuxième guerre mondiale pour combler le manque de caoutchouc issu de l’Hévéa.

Le pissenlit a donné l’expression bien connue : « manger les pissenlits par la racine ».
Bien qu’incertaine, l’origine de cette locution remonte au XIXème siècle. Par le passé, la plupart des personnes décédées étaient enterrées face vers le haut et directement recouvertes de terre. Cette forme de sépulture laissait présager que les racines de pissenlit pouvaient facilement arriver jusqu’au mort du fait d’une croissance rapide de la plante sur la terre fraîchement retournée.

Lorsque l’on souffle sur les aigrettes du pissenlit, il est de coutume de faire un vœu dans un rituel similaire à celui de l’étoile filante.

Avec le pédoncule creux, nous pouvons confectionner une sorte d’instrument à hanche aux sonorités nasillardes. Pour cela, il suffit de faire une fente d’un ou deux centimètre sur une de ses extrémités.

Une maison d’édition fort célèbre en a fait l’image de marque de son dictionnaire par la représentation d’une femme soufflant sur des aigrettes de pissenlits, symbole de « la connaissance semée à tout vent ».

Avertissement
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Place de la nature ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.

Texte et photographies : Cédric Daguet

Sources :
Le genre Taraxacum
Le pissenlit, plante dépolluante
Usage du pissenlit en phytothérapie

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